Derrière nous, il y a les arbres où l’on a grimpé
Les genoux sur lesquels on s’est blotti
La belle grande flaque où l’on a sauté
La table à longue nappe sous laquelle on s’est caché,
Derrière nous
Derrière nous, il y a le jouet tant aimé, égaré,
Le chat aux yeux d’or qui s’endort sur nos pieds
L’immense corps de la mer où l’on s’est un beau jour jeté
Le long chemin parcouru pour aller pas très loin
L’odeur de la barbe à papa, du lait qui bout et des beignets
Derrière nous
Il y a le premier vélo sans roulettes,
Les jolis petits cailloux comme autant de petites dents récoltés
Les secrets du cœur qu’il ne faut pas répéter
La coccinelle à vœux dans le ciel bleu envolée
La rose cueillie, doigt piqué, pour l’amie adorée.
Derrière nous, il y a la peur de l’ogre et du loup
L’attente du père noël qui descendra du ciel
L’étonnement d’apprendre que la Terre tourne
Que l’on a une âme, et que Dieu est trois et un à la fois.
Derrière nous.
Mais devant nous…
Devant nous il y a…
Le petit arbre qu’on vient de planter et qui fleurira avant l’été
L’enfant nouveau qui s’endormira sur nos genoux
La table à rallonges qu’on va déplier
Le chat trouvé qui ressemble au chat perdu, chat perché.
Devant nous
Devant nous, la mer à l’odeur de sexe, toujours recommencée
Les chemins aux petits cailloux blancs et brillants
comme les dents des enfants
Ce souvenir tout à coup, intact, retrouvé, vivant,
Une coccinelle à points pour changer encore une fois de destin.
Devant nous, soupir, d’autres loups à fuir, leurs yeux sans pitié,
D’autres faux père Noël
qui ne se donnent plus la peine de descendre du ciel,
Une autre Terre, plus vaporeuse, qui ne tourne plus aussi rond
Mais, toujours, le même étonnement
On aurait encore une âme, dans le fond…très profond,
et Dieu serait toujours trois et un à la foi(s).
mes amours, mes amis, vous qui toujours m’accompagnez,
je vous souhaite de retrouver
à chaque jour de cette année
tous les arômes
barbe à papa, beignets autrefois dégustés,
et l’exaltante senteur des roses aux paupières closes
cueillies jadis, doigt piqué,
pour ceux que vous aimiez.
Jo. H.