Compte rendu de L’atelier que j’ai mené à partir de ce livre-là, à la librairie-jeunesse de l’Oiseau-Lyre, à Rueil-Malmaison.
On peut d’abord parler de ce thème politique récurent : la lutte contre la pauvreté et pour l’égalité des chances.
Qu’est-ce que c’est ?
L’égalité des chances, c’est faire en sorte qu’un enfant pauvre d’aujourd’hui, dont personne dans la famille n’a poursuivi ses études, ne devienne pas forcément un adulte pauvre, qui n’aura, lui non plus, pas poursuivi d’études.
Il faut faire quoi, pour y parvenir ?
S’y prendre très tôt : dès la crèche. Que chaque enfant ait un début de vie où il découvrira plein de choses, apprendra, déjà, tout petit, à un âge où le cerveau marche à plein régime !
Favoriser l’acquisition du langage, si important pour comprendre.
Soutenir les familles les plus pauvres, qu’il y ait à manger pour chacun, un toit au-dessus de la tête, un lit pour dormir… Lutter contre les expulsions qui conduisent certaines familles à la rue.
– garantir une alimentation ( à la crèche, à l’école,) qui soit saine.
– accompagner les gens vers une formation, un emploi.
– veiller à la santé des enfants les plus pauvres. Services de santé gratuits pour eux.
Car, on ne choisit pas l’endroit où l’on naît, où l’on vit, ni sa famille de départ, mais il ne faut pas que cela empêche de devenir, plus tard, l’adulte que l’on peut devenir.
LA PAUVRETE NE DOIT PAS SE TRANSMETTRE EN HERITAGE.
Rappeler qu’il y a 9 millions de personnes pauvres en France.
Notre livre de départ : Vue sur mer »
Elle se passe en deux endroits : la banlieue de Valence où réside Romuald, dit Rom, enfant de milieu modeste ( faire la différence avec « la pauvreté ») qui vit au rez de chaussée d’un HLM avec sa mère et son petit frère, et la Côte d’Azur, où le jeune héros va aller passer 10 jours de vacances scolaires grâce au » Secours » chez des retraités aisés.
L’enfant va donc changer d’endroit, de paysage, de vie, et cela modifiera son comportement, sa façon d’être, de voir, de comprendre.
Un des thèmes de cette histoire serait : c’est difficile de changer de » milieu »
Donc se demander : – c’est quoi, » le milieu » ? dont parlent toujours les politiques, les journalistes, les intellectuels ?
Ma réponse ( elle vaut ce qu’elle vaut, mais elle fait image pour les enfants)
Le milieu, c’est notre bocal à poissons rouges. Nous y tournons en rond, parfois toute notre vie. Certains poissons essaient de sauter par-dessus bord, mais gare au crash ! Parfois on a l’occasion de changer de bocal, d’aller tourner dans un plus grand, mieux aménagé, avec des tas de fioritures, un beau paysage, plus confortable, et alors on y côtoie d’autres poissons, ça peut être périlleux, ils ne vous accueillent pas toujours bien, il faut mutuellement s’apprivoiser. Mais cela nous enrichit, incontestablement.
Et si l’on doit, in fine, retourner dans un bocal plus petit, ou même dans celui d’origine, ce sera enrichi de notre voyage, de tout ce que l’on y aura vu, goûté, entendu, appris, et que l’on pourra alors, au moins par la parole, partager avec ceux qui ne l’ont pas encore vécu.
Rom vient d’un milieu assez pauvre, d’un endroit assez moche, mais auquel il est habitué : c’est chez lui, il s’y plaît, il aime bien, il y est bien aimé aussi.
Et il n’a jamais rien vu d’autre.
Le TGV qu’il va prendre via la Côte d’Azur va le propulser dans un autre monde qui va lui sembler extraordinairement différent. Et très beau.
Faire réfléchir les enfants à cela :
Qu’est-ce qu’être riche ?
Qu’est-ce qu’être pauvre ?
A leur avis : être riche c’est AVOIR POSSEDER. Beaucoup.
Avoir beaucoup d’argent, et tout ce qu’on veut : plein de choses, de jouets, de beaux objets, de livres, une grande maison avec plein de chambres, plus une salle de jeux, un grand jardin, une piscine, une belle voiture, et surtout une carte bleue ! une carte d’or ! Riche c’est être millionnaire, milliardaire, comme Picsou.
Au jeu de » si j’étais riche », ils ont joyeusement rêvé : – j’aurais une super grande maison, une super grande piscine avec SPA, une chambre-cinéma, une console, plus une tablette, plus un smartphone, plus plein de jeux, des beaux vêtements de luxe, une ferme avec plein d’animaux, un hôtel 5*, le dernier livre des Carnets de Cerise ( ! ), tous les livres possibles, même une librairie rien que pour moi ( ça c’est encourageant ! ) tous les KAPLA du monde pour construire des trucs gigantesques !
Et ( tout de même) un immeuble pour loger les sans abri.
On a isolé le mot » riche » : un tout petit mot pour dire un gros tout.
Alors oui, il signifie posséder, mais pas seulement, et pas toujours : car on parle aussi d’une riche nature, d’aliments riches en ceci ou cela ( en fibres ! m’a dit une fillette ! )
de quelqu’un qui a une imagination très riche, un roman riche en sentiments, une personnalité riche ( qui pourra accomplir plein de choses, riche en possibilités)
– J’en ai profité pour leur apprendre ce qu’est une « rime riche »- ( pas seulement un son commun, mais plus d’une syllabe)
Tout cela nous conduit à penser que même pauvre, on ne l’est pas en TOUT.
On a remarqué que la Terre, la mer, les paysages, chacun peut les voir, les admirer, c’est notre patrimoine commun, qui appartient à chacun de nous. On a cherché ce qui est beau et qu’on peut avoir sans avoir de compte en banque : le chant des oiseaux, une saison douce, un beau soir d’été, la neige qui tombe, le soleil, l’ombre, la douceur du vent, de l’air, l’été, les fleurs, et puis les doux sentiments de bonheur, d’amour, d’amitié, de fierté, de joie, etc… Tout ce que chacun, heureusement, peut entendre, voir, éprouver.
Et l’on s’est avisé que, s’il existe bien des gens égoïstes qui ne partagent pas, ou le moins possible, ( les impôts les y obligent-) ce qu’ils possèdent, leur richesse, la nature, elle, offre généreusement tout ce qu’elle a, tout ce qu’elle est.
Le groupe attentif des jeunes lecteurs a avoué n’y avoir jamais pensé…
Et l’une a conclu : – alors moi, je suis riche de mon amie Lila…
Et voilà.
Une bibliothèque de Nantes a effectué un superbe travail avec ses lecteurs et lectrices : la réalisation en carton de la valise aux multiples étiquettes projetant des endroits où l’on aimerait aller, voyager. A l’intérieur, des dessins en rapport avec ces voyages.
Ci-joint, si j’y parviens, la photo prise lors de ma visite, le dernier Week end avant la fin du monde ! ( je parle du confinement ! )