LA GRANDE PEUR SOUS LES ETOILES

Les éditions Syros viennent de ressortir, dans son format initial, ce livre publié en 1993 et jamais épuisé, les éditrices successives de cette maison le considérant comme important dans l’histoire de la maison Syros.
Une petite cérémonie a été consacrée aux 30 ans de Syros et on m’a demandé d’y re-présenter mon livre qui avait été extraordinairement illustré par les clairs – obscurs de Johanna Kang qui n’exerce malheureusement plus comme graphiste aujourd’hui.
Le livre, qui raconte l’amitié entre deux petites filles en juillet 42 et comment cette amitié sera brisée par la guerre et les hommes qui la font, avait obtenu de grandes distinctions : le prix de Bologne, graal des éditeurs et des illustrateurs ! le prix du Bundestag ce qui m’avait tellement émue, le prix des bibliothèques américaines … et il avait été multi – traduit dès sa parution.
Je l’avais écrit pour parler très tôt, aux enfants, de cette période de la guerre, en France, moi je n’en  avais été informée que très tard, vers 13 ans. Et je croyais, alors que c’étaient les Allemands qui avaient arrêté les Juifs… J’étais loin de me douter que cela avait été le rôle de policiers français aux ordres d’un gouvernement dit de Vichy…
Mais pour moi, ce livre est maintenant et beaucoup le souvenir de belles conversations avec Claude Roy, qui composa une très forte préface à cet album, et avec qui j’entretins, ensuite, correspondance et amitié. Et cette préface, quand je la lis, entretient en moi le souvenir de sa voix, vite essoufflée, mais toujours portée à l’enthousiasme de dire et de raconter. A la recherche de bien penser et de bien dire ce que l’on aura pensé afin de le partager au mieux.
Ce livre, sans doute, beaucoup d’écoles et de bibliothèques l’ont déjà. Pour les autres, c’est l’occasion de le découvrir, afin que les enfants qui le liront nous posent ces questions que Claude Roy disait  » originelles et essentielles »…
J’y pense, aujourd’hui que son ami Jean Daniel l’a rejoint. Ils en avaient l’habitude et ils aimaient tant discuter ensemble…
Ils doivent en avoir des choses à se dire, privés l’un de l’autre depuis si longtemps…
Sous les étoiles.