La vache qui savait lire

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Beau et grand nouvel album pour les plus jeunes paru au Père Castor !
Les illustrations, légères, rigolotes et poétiques,  sont de Lucie Maillot qui tient un blog très sympa, où elle avait fait des essais de vaches pour s’entraîner à la nôtre, je suppose.
Elle y a dessiné aussi un très bel arbre vert et rose tendres, très joliment feuillu, autour de sa boule de gras.
Cela se passe à la campagne avec une petite Jeanne, qui, au bout de son jardin, a vue sur un pré où paissent trois vaches, une noire, une blanche et une brune dont elle s’amourache.
Avec Mirabelle, son amie la vache, Jeanne joue, parle, apprend.
Et ce qu’elle ne sait pas c’est qu’à son contact, la petite vache fait de même.
de sorte que, lorsque Jeanne, assise dans le pré auprès de Mirabelle, va répéter son alphabet, puis déchiffrer son premier livre, la petites vache, en secret, fera de même.
Et le jour où, malade, Jeanne ne pourra rejoindre Mirabelle dans son pré, la petite vache viendra à elle et…
Une histoire douce, tendre, où l’imagination l’emporte.
Ce livre devait s’appeler  » la vache qui lit ! « , merveilleux titre qui fut refusé pour avoir déjà été utilisé en vue d’un prix, je crois, ce dont je suis bien marrie. Mais l’histoire reste la même, et je compte bien revenir à Mirabelle et lui faire vivre encore moult apprentissages en compagnie de son amie Jeanne.
j’ai toujours aimé les vaches, leur placidité, leur douceur, leur odeur, et leur lait que la fermière, dans mon enfance, versait dans le bidon de fer blanc que je transportais ensuite, avec précaution, jusqu’à la maison ( sauf la fois où je me suis pris les pieds et étalée avec comme Perrette et son célèbre pot au lait ! )
Je suis donc bien contente de vous présenter Mirabelle, et j’espère que les enfants lui feront bel et bon accueil.

LE CONCOURS DE NOUVELLE

 

Le concours de nouvelles

Le concours de nouvelles
est le titre de mon nouveau roman paru chez Magnard Jeunesse.
L’illustration de la couverture, vive et parlante, est due à Amandine Laprun.

Ce roman, à la première personne, raconte un moment de vie dans l’adolescence d’Orane, une jeune fille dont les parents tiennent un petit hôtel, dans la campagne.
Elle va au collège de la ville voisine, où elle a peu d’amis.
Un jour, elle décide de participer à un concours d’écriture, dont la récompense est la parution de la nouvelle primée, et 300€, somme qu’elle n’a jamais eu en poche.
Le concours demande que le texte raconte quelque chose de personnel.
Il lui est récemment arrivé quelque chose qui l’a blessée, une amitié qui s’est très mal terminée. Elle décide de raconter cela. Mais ce n’est pas facile, loin de là.
Y parviendra-t-elle ?
Une rencontre avec un drôle d’oiseau, comme elle, l’y aidera peut-être.

J’ai écrit cette histoire parce qu’elle offre de multiples aspects. On y parle de la vie, de l’amitié, de ce que c’est que grandir, de la différence entre avoir des rêves et des projets, de l’écriture, de ce qu’on peut raconter ou pas, et de comment on raconte quand on parle de soi, toutes questions qui se posent immédiatement dès qu’on penche vers un récit autobiographique. Et à quoi ça sert, si cela doit servir…

Il s’adresse aux collégiens, collégiennes, à partir d’onze, douze ans et jusqu’à bien plus tard, à tous ceux et celles que les processus d’écriture intéressent, aux enseignants qui souhaiteraient que leurs élèves écrivent une nouvelle, et d’ailleurs, les éditions Magnard organiseront, à partir de mon livre, un concours de nouvelles auquel on espère que vous serez très nombreux à participer, et que je superviserai.

Et puis aussi, il dit que ce n’est pas parce qu’on est issu d’un milieu très éloigné de la littérature, et qu’on habite bien loin des villes, de leurs bibliothèques, du Savoir, des beaux quartiers où logent les gens aisés et cultivés, qu’on ne peut pas devenir écrivain.
Cette vie, d’apparence pauvre et banale, à l’écart, est aussi riche de choses à dire, de sentiments à partager, aussi digne que toute autre de devenir, sous des doigts avisés, un beau roman !
J’aimerais qu’après cette lecture, plus personne n’en doute.
Il est dédicacé à une jeune femme que j’ai connue enfant, lors de visites dans les classes comme j’en fais depuis 30 ans, elle habitait un tout petit village à la campagne, et comme Orane, elle aimait les livres, les mots, ils l’ont portée, transportée, et à son tour, maintenant, et de toute sa belle énergie, elle invite chacun, aux quatre coins de France, à ne pas avoir peur d’aller plus loin que le bout du jardin, le bout du village, de prendre un livre et de partir, confiants dans les rencontres qu’ils feront sur leur chemin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IL Y A TOUJOURS UN OISEAU

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C’est un bel et grand album comme il m’a peu été accordé d’en faire, à mettre sur la même étagère que  » La grande peur sous les étoiles », « les petites filles dansent », « la géante Solitude », « A pas de louve ».
Pour ceux qui aiment lire un texte poétique, profond, mystérieux.
J’ai pensé à l’écrire au soir des attentats du 13 novembre 2015. Pour les enfants. Afin qu’ils puissent avoir en tête autre chose que les images affreuses qui passaient en boucle sur les écrans de nos télévisions et qui n’avaient aucun sens.
Aborder l’effroi, l’indicible, autrement.
Comme on l’a toujours abordé dans le passé, avec humilité, par le conte.
Un prince a tout perdu : son château, ses biens, et même celui qu’il aimait par-dessus tout. On lui a tout pris, on lui a tué son ami. Il ne s’est pas même battu, ne sait pas s’il en aurait été capable. Il n’était pas là, il n’a pu que constater, à son retour, qu’il n’avait plus rien. Le désespoir l’a pris, qu’il est allé cacher au fond d’une forêt.
Là, les bêtes l’attendaient, qui vont l’accompagner, elles savent, elles, que c’est quand on se croit tout au bout de tout, dans le noir complet de la forêt, qu’advient l’oiseau.
Cet oiseau nourrira son chant des larmes versées, avant de s’envoler.
Alors seulement, celui qui avait tout perdu, retrouvera l’espoir, l’envie de vivre, de retourner auprès des autres, de les aimer.
Les enfants, et nous, n’avons pas besoin de nous gaver d’images, de sons, de mots, insensés, racoleurs. Aux actes commis par les haineux et les insensés, de grâce, ne répondons pas de même.

Je ne raconte pas,
je ne traduis pas,
je ne montre pas,
Je convertis.

Je change de mesure.

Que l’enfant sente, par notre lecture, qu’aucun être sur terre ne mérite la haine des autres, mais qu’elle est, qu’elle existe, comme le noir qui soudain nous prive de tout. Mais cependant, et se nourrissant du noir comme du reste, tout autant, la lumière, la tendresse, l’apaisement et la joie, même, reviennent. Toujours.
Non parce qu’elles sont plus fortes que la haine, ni que le vie est plus forte que la mort, cessons ces combats de mots tout aussi stériles que les combats de coqs. Mais, beaucoup plus simplement, à cause de ce qui fait qu’il y a à toute chose un envers ET un endroit, un matin ET un soir, un hiver ET un printemps.
Un jour ET un autre jour.

Et le vent qui fait bouger les feuilles, et nous pousse.

Pour ce conte qui en est à peine un, l’album a bénéficié du talent de Frédérick Mansot que les amoureux de la littérature jeunesse connaissent bien. Il a composé de somptueuses illustrations, peintes sur du tissu Liberty ( on en voit la trame à chaque page et sur l’intérieur de la couverture ) et a fait en sorte que tout dise, tout parle, et raconte, et même le tronc de l’arbre où se grave, dans l’écorce noire, les malheurs du monde, et même les bêtes qui nous représentent, bêtes que nous sommes, quand nous tentons de consoler celui qui vient, perdu, éperdu.

Une belle citation de Marie Noël que plus personne ne lit maintenant, mais dont je fus, en mes jeunes années, un peu voisine, est écrite à la première page de cette histoire :
 » Qui pourra maintenant retrouver ta douleur ?
Rien n’en reste, rien qu’un chant d’oiseau, sublime.
Ah ! Quelle délivrance est au fond de l’abîme »

C’est une histoire qui délivre.

VUE SUR MER

 

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C’est un roman qui paraît donc, maintenant, aux éditions Magnard- Jeunesse, même collection que Géant qui a conquis un très large public. L’illustration de couverture, réalisée par un dessinateur italien : Andrea Serio, est belle, parfaite : un enfant, perché sur une falaise rocheuse, regarde la mer, très bleue, et plus loin, l’horizon, là où le ciel et la terre se rejoignent toujours.
C’est une histoire de vie, comme j’aime les écrire, avec lenteur, tendresse, humour.
Un enfant est, quelques jours, déraciné, passe de l’enfermement dans un petit appartement de sa cité où il vit avec sa jeune mère et son petit frère, à des vacances sur la Côte d’azur, invité dans la jolie petite maison de personnes âgées, cultivées, bienveillantes, où tout ce qui est dit et fait lui semble à la fois étrange, étranger, et fascinant. Il découvrira que la beauté d’un lieu et la bonté de ceux qui l’habitent peuvent lui faire voir la vie et le monde autrement. Ce qui n’est pas sans lui poser de question : car, comment changer sans être infidèle à sa famille, comment devenir sans renier ni soi ni personne ?

Je suis heureuse d’avoir pu écrire ce roman qui n’en est pas un, où nombre de jeunes lecteurs se reconnaîtront peu ou prou en Romuald, mon jeune héros en devenir. Rien en lui ne m’est étranger, je l’abrite intimement depuis l’enfance, depuis toujours. Il est temps que je le partage, que je le libère.
Et que vous l’accueilliez.

Il se trouve qu’il est parfaitement d’actualité, qu’il peut être lu en écho au plan de lutte contre la pauvreté présenté par l’actuel président. Inutile de dire que la simultanéité de nos sorties est involontaire, et je n’attends aucun remerciement officiel !!

MAIS

j’espère avec force que nombre de discussions pourront avoir lieu grâce à ce récit de vie pauvre qu’est « Vue sur mer ».
Et si je prends soin d’inscrire le mot « pauvre » en italique, c’est qu’une vie n’est vraiment pauvre qu’au regard normalisateur de la société, des autres.
L’enfant qui la vit subit davantage le regard d’autrui que les manques dus à la pauvreté.
Et il y a cette grande et belle question jamais soulevée.
Avec la pauvreté, va toute une  culture de la débrouille, le sens de l’opportunité, une grande liberté de temps, de parole, de pensée non étudiée, libre, originale, surréaliste parfois.
Qu’il ne faudrait pas anéantir par une normalisation forcée, dès la maternelle obligatoire.
Ce sera mission difficile, tant la société marche comme ça, à essayer de mettre tout le monde dans le rang et à niveau parce que ce sera plus juste. Mais il ne faudrait pas qu’en voulant donner les mêmes chances à chacun, on forme des  » tous pareils »… Car on a besoin, pour améliorer le monde, de gens qui pensent et agissent différemment…
Et puis, je pense aussi que les enfants pauvres sont, comme tous les enfants, très fidèles à leur tribu familiale, à ses rites, ses valeurs, son langage. Par l’école, ils apprennent d’autres rites, d’autres valeurs, un autre langage. On leur donne à voir un autre monde possible. Mais il faut leur dire qu’aborder ce nouveau monde, ils peuvent, ils doivent le faire sans renier l’ancien. Non seulement les deux mondes peuvent cohabiter, mais c’est ainsi qu’ ils s’enrichissent mutuellement.
De cela, primordial, je n’ai pas entendu parler.
Mais ce livre – là, le dit.

Je voulais aussi signaler le livre de Jo Witek qui est une auteur dont je me sens proche, de même sensibilité à ce genre d’histoire que moi, et qui a publié, il y a deux ans je crois, alors que j’écrivais moi-même celui-ci, un très beau récit de vie, sur le même sujet, intitulé :  » y a pas de héros dans ma famille ». Chez Actes -sud junior.

 

« Le berceau de l’homme » et  » Coup de balai ».

 

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Ces deux textes paraissent le 1er septembre, aux Editions du « Pourquoi pas », issus du secteur éducatif, maison sise dans la région d’Epinal, ( voir leur site)  qui avait déjà choisi, par l’entremise de mon ami Thomas Scotto qui les appréciait bien, de publier pour moi  » Petite » et « Le prix d’Evelyne » deux textes dont je vous ai déjà parlé dans cette même rubrique, et auxquels j’attache grande importance.
« Le berceau de l’homme » et  » Coup de balai » paraissent dans cette même collection de poche qui publie, à chaque fois, tête bêche, deux textes sur un même thème.
Cette fois, le thème est celui de l’errance, de la solitude, de l’exclusion.
Dans  » le berceau de l’homme », un homme qui n’aura pas de nom, passe dans une rue. Devant une porte, un tas d’objets encombrants attendent d’être ramassés par le camion benne. A chaque objet prêt à être jeté, il prête une histoire qui rejoint la sienne.
Dans  » Coup de balai » l’homme a un nom. Il s’appelle Malba. Lui aussi erre, dans l’attente d’un endroit où vivre mieux. Pour ne pas se faire remarquer, il emprunte un balai. Il se cache derrière, et pousse, devant lui, tous les menus rebuts de l’humanité. Les vrais, les concrets, et puis bientôt les moins concrets, les rêves irréalisés, les défaites, les renoncements… Il s’en fait un rempart qui le protége.
Les deux textes sont illustrés de couleurs chaudes par Léo Poisson, jeune étudiant de l’école d’art d’Epinal, qui y a mis tendresse et passion, leur a offert la chaleur que la vie ne leur avait pas donnée mais que les mots tendres qui les racontaient, promettaient. Et c’est bien émouvant de voir naître chez ce jeune talent, cette conscience-là, que ses couleurs seront un cadeau fait aux personnages que la vie n’a pas gâtés.
Léo et moi les avons aimés, nos deux ombres, Humblement, Léo leur a donné une silhouette, un visage, les a fait, de page en page, vivre, exister.
C’est un petit livre modeste, comme ceux dont on raconte l’histoire, dans une collection de poche au beau papier et de belle facture chez un éditeur qui croit en chacun des livres qu’il publie, qui souhaite les distribuer dans les écoles, au plus grand nombre, à prix modeste, et contribuer ainsi à faire bouger les lignes, à consolider le beau principe de fraternité ; et nous sommes donc, les personnages et nous, auteur, illustrateur, éditeur, à l’unisson.
L’occasion de rendre grâce à ces éditeurs qui ne sont pas encore des grands et qui se lancent avec énergie et conviction dans cette profession. Ils prennent les risques que les grands ont plus de mal à prendre, ayant trop à perdre. Les jeunes éditeurs qui se lancent dans l’aventure ont eux, tout à gagner à oser. Et les auteurs- jeunesse sont fiers de les aider à grandir.
Alors, lecteur, s’il te plaît, que ton regard se pose sur Malba et son frère en humanité avec bienveillance, sans prétentions et sans jugement ; léger comme le papillon qui embellit la fleur, et puis tout autour, sans rien peser.

FOURMIDABLE

Qu’est-ce que « Fourmidable » ?
D’abord, vous l’avouerez, un bon titre ! Paru chez l’ami Thierry Magnier, dans sa toute nouvelle et toute belle production de Petite poche, remise en forme par d’excellents graphistes : La couverture de cet opuscule est d’une intelligence rare, simple, lisible en un coup d’oeil, et d’imagination diabolique. On la doit à Florie Briand que je ne connais ni d’Eve ni d’avant, mais qui est visiblement brilland- tissime !

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Ce petit livre est une parabole, un conte, une fable, un truc qui raconte l’histoire d’une fourmi, on s’en serait douté ! mais d’une fourmi qui va être tirée de sa petite vie de travail programmé par un puceron grognon ( si, si, ça existe, j’en connais ! ) et grâce à lui, se poser tellement de questions que sa vie de fourmi va s’en trouver bouleversée.
Cette petite fourmi, dans la première partie, s’appelle 68 ( oui, tout un programme… j’ai eu 20 ans en 68, un autre siècle, je vous l’accorde,un autre millénaire, même, ce qui ne me rajeunit évidemment pas. Je n’en garde pas la nostalgie, non, la force, l’envie de vivre pleinement, plutôt. Une vie non programmée, imprévue, belle, désastreuse, dangereuse.

Ce tout petit livre se résume en un mot : OSONS
petite à part T : ( oui, OSONS, et pas seulement le François du même nom, mais avec un z comme Zorro, lui, et qui, pour le coup, suit à la lettre le conseil que lui donne son nom… )

Et pour finir, une malicieuse vidéo de présentation du sujet, réalisée par mon facétieux petit fils de 10 ans, Arthur. Le pistolet et le chapeau sont factices, le reste est vrai !
N’a pas été filmé le round final, faute de moyens techniques.

https://drive.google.com/file/d/156JGTxRmkmt6McJHrrf_hGWQAR0kvrN9/view     etc… etc…

Je crois que ça marche pas, et du coup je ne sais pas ce que c’est que cet abracadabra qui s’est affiché et qui n’ouvre aucune porte, que dalle ! Bon, tant pis, contentez -vous de la couv qui est super, mais croyez moi sur parole, c’est dommage que la vidéo ne marche pas parce que c’était rigolo !

 

LE PRIX D’EVELYNE

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Quel bonheur, ce dernier livre sorti ce mois-ci, pour mes 70 ans, et qui raconte un épisode de l’enfance de maman, qui est morte cet hiver.
Il avait déjà paru, ce livre, brièvement, malheureusement, aux éditions Escabelle, dont j’aimais beaucoup l’éditrice venue de Bayard, Aude Elfassi, qui dut abandonner ses beaux projets, faute de moyens suffisants. Les éditions du Pourquoi pas, ont repris le flambeau, et en ont fait un petit album à rabats, coloré, mis en image par un jeune illustrateur au joli nom prometteur : Léo Poisson, qui m’a fait parvenir un courrier très touchant sur ce texte-là, qu’il a illustré avec une grande générosité.
Evelyne, donc, c’est ma maman. Et l’histoire de ce prix, s’est passée dans les années 35, 36, juste avant guerre. Maman était élève dans une école primaire du XVème arrondissement où elle habitait ( dans un cinéma, juste derrière l’écran! Son papa était régisseur et sa maman ouvreuse !) Cette malheureuse aventure que je conte là  s’est réellement passé, bien sûr, je n’y invente rien, malheureusement. L’humiliation subie par ma mère, je la sens encore m’indigner, comme au temps où elle me la racontait, il y a plus de 60 ans… Je me sens encore bouillir de rage, je serre encore les dents, les poings, les yeux pour ne pas pleurer, comme elle, autrefois, en ce lointain été parisien où l’école publique ne fut pas à la hauteur de sa vocation.
Mais de cet épisode, nous avons tiré une forte leçon de vie, et ma mère devint cette belle personne, courageuse, volontaire, entière, que la petite Evelyne promettait.
Ce livre me permettra maintenant, dans les classes, de parler de liberté, d’égalité, de fraternité, de la seconde guerre mondiale, du racisme, témoignage à l’appuis, et l’histoire du « Prix d’Evelyne » prolongera encore un peu la vie d’Evelyne née Gooden, que l’hiver dernier a emportée.
Quant à moi, si maman ne m’avait pas, avec tant de vivacité, raconté des dizaines de fois toutes les histoires de son enfance qui l’avaient fait devenir ce qu’elle était devenue, me donnant l’envie, à mon tour, de dire et de raconter, je ne serais pas devenue cette Jo. Hoestlandt d’aujourd’hui, écrivain de tant de livres pour petits et grands qu’elle n’ose plus, depuis longtemps, les compter, se contentant, avec bonheur, de les raconter.

 

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L’HOMME-CLé

On ne saura pas qui est cet homme, et pourtant, il nous est proche, cela pourrait être chacun de nous. C’est un homme comme un autre, avec des rêves plus grands que lui, ce qui est le propre des rêves. Un anonyme, un presque rien, un tout petit homme qui n’a même pas vraiment d’amis. Alors un jour, au petit matin, il part, et pour partir vraiment, il jette sa clé dans son jardin. Il ne sait pas bien où il ira, vers ses rêves sans doute. Loin, pense-t-il avec logique et raison puisqu’on ne peut guère aller plus loin qu’au bout d’un rêve. Seulement, il arrive que les rêves aient pitié des hommes, de leurs pauvres jambes, de leurs maigres moyens, et se rapprochent d’eux, un peu… L’équipe éditoriale de Thierry Magnier a beaucoup aimé ce texte, tout de suite, et l’a publié dans sa célèbre collection Petite Poche de livres hétéroclites  mais parfaitement identifiés, là où déjà, ils avaient mis « Fourmidable » et  » Grand Ami », et bien avant, beaucoup d’autres encore. J’en conclus que je fais très souvent des livres inclassables, et que l’on aime, pourtant. Vous me direz ?

Petite poule noire comme nuit.

Petite poule noire comme nuit_COUV-BAT

C’est l’histoire d’une petite poule noire qui, malgré ses efforts, ne parvient pas à pondre un oeuf. Elle en est triste, surtout quand elle voir que ses compagnes, elles, en pondent tout plein et qu’il en sort, parfois, de doux et ravissants poussins. A quoi sert-elle, si elle ne pond rien ? En quoi participe-t-elle à la beauté du monde, chaque matin ?
Une hirondelle, de passage, le lui révélera. Son coeur s’en trouvera bien allégé, ma foi.

Les illustrations, douces et tendres, sont de Madeleine Brunelet et ce court récit, pour les plus jeunes, vient d’être publié par Père Castor Flammarion.
J’espère qu’il servira à faire sentir, à chaque enfant, que ce que produit chacun, pas forcément matériel, rend chaque être nécessaire, irremplaçable.

GRAND AMI

 » Grand ami » est mon dernier titre en petite poche, chez Thierry Magnier. Dans cette collection, j’ai déjà publié de nombreux titres, dont deux sont encore disponibles :  » Un anniversaire camion » et  » Fourmidable  » en lice pour le prix des Incorruptibles cette année.
Comment définir  » Grand ami  » ? Un conte ? Une parabole ? Une fable ?
C’est l’histoire de la rencontre de deux êtres vivants, un ours et un enfant, des quelques années qu’il auront vécues ensemble sur l’île, comme Robinson et Vendredi. Histoire d’amitié, de temps qui passe, de grandissement. Ils apprendront l’essentiel l’un de l’autre tout au fil du récit et de la vie.
J’ai voulu ce récit très simple, lumineux, grand ouvert et intime à la fois. Et drôle aussi, parce que cette montagne poilue qu’est l’ours pour l’enfant ne manque  ni de tendresse ni d’humour.

S’il reste une place, minuscule, sur l’étagère – bibliothèque de vos enfants, entre Saint Ex. et La Fontaine, glissez -y  ce tout petit volume de  » Grand Ami »…