Ce genre de petites choses par Claire Keegan

C’est un livre presque carré chez l’éditeur Sabine Wespieser dont j’aime généralement les publications. Et ce livre est ce qu’on appelle  » un coup de coeur ».
Le titre, d’abord, merveilleux, à la fois si simple et si mystérieux.
De quelles petites choses sera t-il question ?
Chacun se fera son idée,
Plus que de petites choses, il s’agit peut-être surtout de petites gens… De ces petites gens bien plus grands, parfois, et pas seulement depuis Victor Hugo ! que les grands personnages, héros de nos livres de littérature ou d’Histoire.
De ce livre, peut-être, est né l’idée du film de Stephen Frears, que j’ai regardé deux fois et qui m’a fait autant pleuré la seconde fois que la première  » Philoména ». L’histoire de cette jeune Irlandaise qui tombée enceinte, virée de chez elle comme une salope, et qui accoucha comme tant d’autres jeunes filles, voire adolescentes, dans des établissements tenus par des religieuses, qui, après la naissance du bébé, cherchaient des familles adoptantes et utilisaient les pauvres réprouvées à des tâches ménagères, souvent de blanchisserie. On leur arrachait leur bébé, se passant généralement de leur consentement, et il partait, elles ne savaient plus où ni avec qui. Cela dura, parait-il en Irlande jusqu’en 1996 ! C’est de triste mémoire encore pour nombre d’Irlandaises d’aujourd’hui, et à l’heure où l’avortement et la contraception semblent à nouveau remises en cause, il est utile de se souvenir de ces filles aussi abandonnées que leurs petits.

C’est un bref texte d’une bonne centaine de pages : un marchand de bois et charbon fait une livraison dans un couvent, pendant l’hiver. On ne lui a pas ouvert, il entre et va directement à la cave. Et là, recroquevillée de froid, pieds nus et terrorisée, se trouve une très jeune fille, qui lui demande de l’aide, prête à tout pour sortir.
Mais une religieuse arrive, renvoie la fille dans le couvent, et il fait sa livraison, se fait payer, repart. Mais il n’oublie pas cette pauvre jeune fille, et de retour chez lui, au coeur de son doux foyer où ni sa femme ni ses petites filles ne manquent de rien, il s’enquiert auprès de sa femme qui s’agace : – ne te mêle pas de cela. Ce sont des histoires de femme… elles se sont mal conduites… etc…
Le marchand est un homme simple, et tranquille, mais cette fille, enfermée et qui veut fuir, il ne parvient pas à se l’ôter de l’esprit. Il ne peut pas rester impuissant face à cette détresse, à quelques jours de Noël. Quel sens aurait sa foi, sa vie ?
il retourne au couvent, la retrouve…
Ce sera vraiment Noël, pour lui, et pour elle. Contre tous et vents et marées.

On pense au film, extraordinaire de Stephen Frears « Philoména » qui nous tire des larmes d’un bout à l’autre, on pense à Dickens à tous les enfants perdus, on pense évidemment aussi à Victor Hugo, aux petits orphelins dont le père a sombré, et qu’un pauvre pêcheur tente de faire adopter par sa femme alors que déjà, elle les a chez eux ramenés…

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